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Ballons de foot : Vista redonne du sens à une industrie qui ne tourne pas rond

Ballons de foot : Vista redonne du sens à une industrie qui ne tourne pas rond

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Alors que la Coupe du Monde de football bat son plein, parlons... ballon. Ce petit objet généralement entièrement pétro-sourcé génère des milliers de tonnes de déchets chaque année. Comment faire mieux ? C'est la question qui anime Jean-Baptiste de Tourris, fondateur de Vista. Basé à Marseille, l'entrepreneur imagine des ballons fabriqués par des personnes en insertion, au Kenya et en France, à partir de 50% de cuir upcyclé. Des ballons performants, solides et réparables !
Vista

Découvrez les ballons Vista !

Jean-Baptiste le confesse bien volontiers : son équipe préférée, ce n’est pas l’OM. Ni le PSG ou le Real Madrid. C’est La Rochelle. Car oui, il est fan de rugby. Alors, qu’est-ce qui l’a poussé à imaginer une marque de ballons de foot écoresponsables ? Un parcours pas tout à fait linéaire : après des études dans le domaine de la finance, il part en stage long dans une banque à New-York. Ce sera un grand non : “j’ai vite été attiré par l’entrepreneuriat social. J’ai ensuite créé une réplique de Ticket for change au Pérou... Puis travaillé dans un cabinet de conseil en développement économique à Paris”

En 2017, il lance Monprojet.me, une société qui aide des jeunes à réussir leur insertion professionnelle… Pas aidée par le début de la pandémie. Mais une autre belle idée arrive, complètement par hasard : “ma femme Agathe auditait des entreprises pour une marketplace qui aidait ses clients à comprendre l’impact de leurs produits. Pour les ballons, c’était carton rouge : il n’existait pas d’alternatives responsables. Pourquoi ?”

Pour les ballons, c’était carton rouge : il n’existait pas d’alternatives responsables. Pourquoi ?

Tous deux partent à la recherche de réponses. Difficile d’en savoir plus ! “Il y a des ballons partout, chez nous, à l’école, dans les clubs de sport. Mais les marques manquent vraiment de transparence”, commente Jean-Baptiste. Ils décident alors de faire appel à une école d’ingénieurs, l'ITECH. 12 étudiants planchent sur deux projets de recherche.

27 000 tonnes de déchets

Il en ressort des informations peu reluisantes sur ce secteur : “les ballons de foot, composés de 100% de plastique et donc entièrement pétro-sourcés, génèrent 27 000 tonnes de déchets par an dans le monde. Chaque ballon, c’est un demi-kilo de matière, qui finit souvent à la poubelle en moins d’un an. Cette industrie fabrique en Asie des produits avec une durée de vie faible. Le marché est saturé : on crée toujours plus de nouveaux ballons et de déchets invisibles”. 

Ballon Vista
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Les ballons de foot, composés de 100% de plastique et donc entièrement pétro-sourcés, génèrent 27 000 tonnes de déchets par an dans le monde.

En 2020, Jean-Baptiste se lance alors dans la quête d’un meilleur ballon (associé avec Agathe, qui n’est toutefois pas opérationnelle au quotidien). “Au début, on veut faire du Made in France. Mais on se prend des murs. 3 heures de couture en France porteraient le prix à plus de 100 euros, trop cher pour un ballon de loisir. On tombe sur une ONG basée au Kenya, Alive and Kicking, qui emploie des personnes qui vivaient sous le seuil de pauvreté, pour fabriquer des ballons avec des déchets de cuir. Gros coup de cœur, c’est pile dans notre démarche sociale et environnementale. De notre côté, on leur permet de se développer en Europe”, se souvient-il.

“Mais j’étais accroché à la création d’emploi en France”, dit Jean-Baptiste. Alors, il décide de commander les ballons ouverts. Ceux-ci seront fermés en France : 20 cm de couture à faire. Il fait le choix du fait main, notamment pour la réparabilité. C'est une histoire de matériaux : "dans les ballons cousus à la machine, la matière est plus fine, les déchirures des trous sont plus fréquentes. La résistance sera bien meilleure avec un ballon cousu à la main !". Au début, Jean-Baptiste manie l’aiguille dans son salon. Puis se rapproche de La Ficelle, un atelier d’insertion marseillais qui lui permet d’embaucher Hourik, ancien cordonnier en Syrie et en Turquie. Le 5 janvier 2022 est un grand jour : le premier couturier de la marque commence à travailler !

Ballon Vista enfants
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Une marque qui a la vista

Au printemps, le projet est lancé en bonne et due forme sur Ulule, puisque l'équation “emplois locaux + produits performants + réduction plastique + prix cohérent = Vista” est enfin résolue. Pourquoi Vista ? Dans le domaine du sport, "avoir la vista, c'est avoir une bonne vision du jeu". Être clairvoyant, anticiper pour bien jouer. Une philosophie qui colle bien aux ambitions de la marque !

Avoir la vista, c'est avoir une bonne vision du jeu.

Lors de cette campagne de financement participatif, plus de 400 ballons sont précommandés et livrés pendant l’été. De quoi sont-ils composés ? La vessie est en caoutchouc naturel. Les panneaux (la partie extérieure) sont composés de trois couches : cuir upcyclé au Kenya (récupéré de revêtements de sièges d’avions ou de voitures, par exemple), toile en coton et polyester (pour consolider le cuir) et 0,3 mm de plastique (pour le protéger).

Résultat ? Un ballon performant (décliné en tailles 1 et 5, avec des nombreux designs), qui passe haut la main les tests du réseau Décathlon (poids, circonférence, sphéricité, perte de pression, absorption d'eau, rebond, résistance à 2500 shots contre un mur en béton à 50km/h...). Un ballon plus vertueux aussi : chaque pièce produite a une empreinte carbone de 3,3 kilos, contre 7 kilos pour un ballon conventionnel, selon les données d'une professeure de l'ITECH disposant de l'agrément ISO 14044.

Réparabilité  

Et la grande différence avec un ballon classique, c’est aussi la réparabilité. Fils décousus ? Panneaux déchirés ? Vessie crevée ? Il vous suffit de renvoyer votre ballon Vista à l’atelier pour qu’il soit réparé. Et la recyclabilité ? “Aujourd’hui, il n’existe pas de ballon recyclable. Un ballon est composé de trop de matériaux difficiles à séparer. Mais nous avons des projets de R&D en cours !”, annonce l'entrepreneur.

En septembre 2022, Vista recrute : l’équipe est désormais composée de 8 personnes. La marque monte sa boutique en ligne et commence à travailler en BtoB. Les sujets du futur ? Monter en compétence sur la réparation, notamment pour réparer les ballons d’autres marques pour le grand public. Mais aussi lancer une nouvelle gamme de ballons… De rugby, cette fois-ci !

Découvrez les ballons Vista !

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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